Le Maroc des papillons

Revisité par l’image en juillet 2005.


Par Jean Delacre & Michel Tarrier


 


Terre de contact, montagneuse, méditerranéenne à influences océanique et saharienne, véritable interface entre l’Europe et l’Afrique, le Maroc est le plus favorisé des pays de la Méditerranée occidentale. Avantageusement îloté entre l’Océan atlantique, le Sahara, les Hauts Plateaux orientaux et la Méditerranée, ce Maghreb extrême offre une très grande variété d’écoclimats, accentuée par les barrières élevées de ses reliefs. Des hautes masses forestières humides aux ergs sahariens brûlants, de la frange océanique avec ses résonances macaronésiennes aux hautes terres arides de l’Oriental couvertes de nappes alfatières, en passant par le Djebel Toubkal, toit de l’Afrique du Nord conservant encore des refuges boréo-alpins, c’est une fabuleuse mosaïque de diversité bioécologique, avec certains écosystèmes uniques au seul Maroc. Vieux théâtre de brassage des faunes européenne et éthiopienne durant le Tertiaire, l’histoire paléontologique atteste de sa grande variété spécifique de végétaux et d’animaux.


Une flore de 7000 espèces végétales (incluant les Algues, les Champignons supérieurs, les Lichens, les Mousses et les Fougères), dont 4500 espèces de plantes vasculaires phanérogames et un millier d’endémiques et subendémiques, 106 espèces de Mammifères, 335 d’Oiseaux, plus d’une centaine de Reptiles et d’Amphibiens dont un quart sont endémiques, un nombre évidemment considérable d’Invertébrés comportant une forte représentation indigène, toutes espèces aux origines biogéographiques variées et installées au fil d’un long calendrier géologique, ont pris place dans l’ample capacité d’accueil d’un dédale d’habitats diversifiés. Mais parler de biodiversité en se contentant d’exprimer les palettes spécifiques, plus ou moins complètement connues, des mondes végétal et animal serait réducteur. Parler de biodiversité, c’est manifestement aussi mettre en exergue l’aspect génétique qui se concrétise par les différences entre les individus et les évolutions intraspécifiques entre les populations. C’est le domaine de la taxinomie évolutive décrivant les phénomènes de la spéciation à partir de la hiérarchie subjective des formes intermédiaires (infraspécifiques, subspécifiques et infrasubspécifiques). Traiter de biodiversité, c’est essentiellement chercher à catégoriser toutes les figures écosystémiques formées par le milieu que sont les niches, les biotopes, les habitats et les biocénoses (communautés végétales et animales). C’est enfin apercevoir les écorégions ou écocomplexes comme des entités globales, c’est-à-dire comme des mosaïques paysagères enveloppant maints écosystèmes qui s’emboîtent. Et c’est ne pas oublier la biodiversité culturelle dont les traditions et la gestion des ressources ont contribué à façonner l’ensemble. Vaste programme !


La liste des  espèces représentées sur les pages qui suivent n’est qu’un petit échantillonnage de ce que vous pourriez découvrir sur un laps de temps réduit (deux semaines). Nous avons choisi le mois de juillet pour découvrir et photographier des espèces tardives, volant entre 2000 et 3500 mètres d’altitude. Ce n’est certes pas le mois le plus faste, mais bien celui des espèces nobles pour qui sait ouvrir les yeux.

Maurus vogelii, espèce endémique,sur sa plante-hôte.