RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
PIERIDAE
Sous-famille
Pierinae
Genre Zegris
14 Zegris
eupheme
La
Piéride du Raifort ou l’Aurore d’Esper
Origine et
répartition
Holoméditerranéen attestant d’autres refuges
glaciaires, qui semble absent de la zone centrale
méditerranéenne mais qui s’étend jusqu’aux
confins de la Chine.
Maroc, Sud de l’Espagne, Ukraine, Caucase, Sud de
l’Oural, Kazakhstan, Turkménistan, Altaï, Turquie,
Nord-Ouest de l’Arabie jusqu’à l’Iran
(nombreuses sous-espèces fortes).
Type
Papilio eupheme Esper, 1782 ; LT :
Russie.
Taxon au
Maroc
Zegris eupheme
maroccana Bernardi, 1950 ; LT : Ifrane
(Maroc).
Distribution au
Maroc
Aire très fragmentée dans la partie moyenne du pays, semble
absent du Nord rifain et tellien (alors qu’il est
présent sur la rive andalouse). Cette espèce accuse une
translation altitudinale progressive d’autant plus
que les indigénats s’approchent de l’Equateur
(500 à 1000 m en Espagne, plus de 1500 m dans le Moyen
Atlas, plus de 2000 m dans le Haut Atlas). Etages
supraméditerranéen et montagnard méditerranéen des
bioclimats subhumide et humide. 1600-2800 m.
Moyen Atlas : Djebel Bou-Iblane au Tizi-bou-Zabel
(thuriféraie en défends), Almis-des-Marmoucha (cultures),
sud de Sefrou (meseta), Imouzzèr-Kandar (cultures), Ifrane
(causse), Tizi-n-Tretten (reboisement du Cèdre),
Mischliffen (prairies), Djebel Hebri (reboisement du
Cèdre), Timahdite (cultures), Foum-Kheneg (cultures),
Aguelmame de Sidi-Ali (thuriféraie en défends), Col du Zad
(cédraie en défends), Aït-Oufella (cultures), Djebel
Tarharhat (cédraie en défends), Tizi-n-Rechou (cultures),
Tizi-n-Tanout-ou-Fillali (reboisement du Cèdre), Aghbala
(cultures), Cherket (cultures).
Haut Atlas : Plateau des lacs d’Imilchil
(Tislit, Iseli) (alpages), Djebel Inouzane (alpages),
Djebel Azourki au Tizi-n-Tamda (cultures), Plateau de
l’Oukaïmeden, Asif-n-Aït-Iren, Asif Tiferguine,
(alpages), Tacheddirt (jardins).
Anti-Atlas nord-occidental : Djebel Siroua, par place
depuis Askaoun jusqu’au Tizi-n-Melloul (cultures et
pâturages).
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles 10 x 10 km : 24.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
La chenille se développe sur quelques Brassicacées
nitrophiles à pétales jaunes : Isatis tinctoria
(partout) et I. djurdjurae (Foum-Kheneg !), ainsi que
Hirschfeldia (Sinapis) incana.
L’imago est inconditionnel de la plante de sa larve,
butinant aussi par méprise quelques autres Crucifères
ségétales aux inflorescences jaunes. L’espèce étant
ainsi fragilisée par l’absence de dédoublement
écologique larve-adulte. En fin de journée et après leur
incessante patrouille, les mâles concentrent leur vol dans
le secteur des pans de crucifères jaunes favorisés par les
ultimes rayons du soleil déclinant. Ils s’y endorment
parfois en nombre, couples compris, fixés aux
inflorescences et parfaitement camouflés sur les
inflorescences jaunes par l’efficace homotypie de
leur revers alaire.
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
Prés mésophiles, friches et périmètres des cultures
céréalières riches en fleurs ségétales, bermes des routes
et des chemins agricoles, versants fleuris des montagnes,
causses tabulaires et univers mésétien, lisières notamment
de la forêt de Cèdres. Que ce soit sous l’aspect de
ses biotopes en cultures vivrières ou en orées forestières
soit mises en défends, soit en régénération (reboisement),
sans qu’il soit commensal sensu stricto le lien
antropogène de Zegris eupheme est manifeste.
C’est l’un des plus beaux papillons diurnes du
Maroc, subtil indicateur de la tolérance pour les
« mauvaises herbes » dont la persécution
irraisonnée est très préjudiciable à la biodiversité. Cette
remarquable espèce s’effondre en Espagne face aux
pressions économiques de l’agriculture intensive, du
défrichement superflu et excessif des oliveraies et des
amandaies, et de la pratique imbécile du girobroyeur sur
les bermes des routes et des chemins agricoles. C’est
une grande chance que le Maroc ne soit pas encore contaminé
par l’envie de faire table-rase de la malherbologie.
Phénologie
Monogoneutique fin avril à fin juin, selon les années,
l’altitude et l’exposition.
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, rudéral, mésophile, praticole, montigène
(altimontain au Sud), patrouilleur, opportuniste.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Bon.
Vulnérable.