RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
PIERIDAE
Sous-famille Dismorphiinae
Genre Leptidea
20 Leptidea
sinapis
La Piéride de la Moutarde ou la Piéride
du Lotier
(Présence incertaine)
Origine et
répartition
Eurasiatique.
Maroc ( ?), Europe, Asie Mineure jusqu’en Syrie,
au Caucase, en Sibérie et au Tian Shan.
Type
Leptidea sinapis Linnaeus, 1758 ; LT :
Suède (Verity, 1947).
Taxon au
Maroc
Leptidea
sinapis Linnaeus, 1758 ; LT : Suède
(Verity, 1947).
Distribution au
Maroc
La Piéride de la Moutarde volant abondamment dans les
biotopes appropriés d’Andalousie, jusque dans les
suberaies les plus humides du littoral de Cadix, ainsi que
dans le Sud du Portugal dans la province de
l’Algarve, sa présence nord-africaine et notamment
marocaine n’aurait rien d’étonnant. Si certains
auteurs, (dont Tennent, 1996) ont cru bon éliminer toute
présence de Leptidea de leurs inventaires, ce n’est
pas seulement pour n’en avoir pas retrouvé la trace
lors de leurs prospections (ce qui serait une attitude pour
le moins suspecte quand on sait que certaines espèces que
nous découvrons nous-mêmes peuvent être portées disparues
dès les années suivantes sous l’emprise d’une
quelconque pression !), mais en raison
d’éléments douteux rencontrés dans l’enquête
afférente aux spécimens prétendument capturés au Maghreb et
pour la plupart conservés et consultables.
Il en est ainsi d’anciennes références tant de
Leptidea duponcheli (Staudinger, 1871) (Oberthür, 1909 pour
un sujet de la collection Boisduval étiqueté
« Atlas » ; Fison, 1932 pour un spécimen non
capturé lors de ses propres voyages en Algérie mais fourni
par Henry Jerome Turner) que de L. sinapis (toujours
Oberthür, 1909 pour des exemplaires algériens de Boisduval)
dont on ne peut jurer du sérieux des provenances. Pour ce
qui concerne trois mâles et deux femelles de L. sinapis
bien plus récemment rapportés par Dumont (1975), récoltés
par R. Joqué et M. Nelissen le 19 juillet 1971 à la
« Cascade des Vierges », à l’époque station
prolixe du Val d’Ifrane, dans le cadre d’une
mission universitaire sous la direction du dit Henri J.
Dumont, c’est la composition du prélèvement qui rend
l’information énigmatique. Les mentions
d’espèces accompagnatrices à la mi-juillet comme
Euchloe belemia et Tomares ballus qu’il est hors de
question de voir voler à Ifrane au-delà du début de juin
pour la premier citée, et de mai pour la seconde, même une
année fort tardive comme celle de 1971 (argument de
Dumont), sont pour le moins troublantes. Dumont avait la
renommée d’un entomologiste professionnel très
sérieux et ces spécimens ont été vus à l’époque par
ses collègues, dont Serge G. Kiriakoff et Ronny Lesstmans.
Un couple demeure dans les collections du British Museum.
Enfin, on pouvait lire la mention du Rif dans la
distribution de Leptidea sinapis du guide de Higgins et
Riley (1983) dont, selon Tennent (1996), un spécimen de la
collection Higgins déposé au British Museum et portant
l’étiquette « Maroc, (mai) 1971 » serait la
source de cette assertion.
Comme on peut en juger, toutes ces références relatives à
une existence maghrébine de la Piéride de la Moutarde sont
d’une manière ou d’une autre nébuleuses et
entachées d’incertitude quand ce n’est pas de
franche suspicion. Il n’en reste pas moins que
l’éventualité de cette présence, pour le moins dans
le Rif occidental et le Moyen Atlas tabulaire, ne doit pas
être écartée, et qu’en tout cas sont inexistence est
improuvable. Le Val d’Ifrane (Oued Tizguid, Cascade
des Vierges, Source Vittel) constituait un habitat
d’exception, un refuge riche en présences
relictuelles et les espèces qui en ont été biffées depuis
la moitié du siècle antérieur sont légion. C’est la
conséquence d’une dense fréquentation humaine
conjointe à cette richesse biologique. On peut donner
quelques exemples éloquents de l’érosion génétique de
cette ancienne poche de biodiversité atlasique. Depuis
1992, nous n’avons pas été capables de retrouver la
trace de Zygaena trifolii lachiveri Barragué, Zygène
subendémique qui n’en fut décrite qu’en 1986 et
qui y volait jusque dans les années 80 du siècle
passé ; Zygaena elodia Powell, 1934 et Euchloe tagis
atlasica n’y sont plus repérables ; Argynnis
lyauteyi et A. auresiana maroccana y sont en déclin
accéléré, etc.
Plantes-hôtes
Il s’agit de Légumineuses (Fabacées) qui en Europe
méridionale sont généralement Lotus corniculatus, Vicia
cracca, Dorycnium pentaphyllum et plusieurs espèces de
Gesses (Pois de senteur) comme Lathyrus pratensis, L.
tuberosus, L. montanus, L. grandiflorus, L. linifolius, L.
vernus, L. niger, L. aphaca. Il existe une trentaine de
Lathyrus dans les régions bien arrosées du Maroc, certaines
fort communes dans le Rif et le Moyen Atlas comme L.
tingitanus, L. aphaca, L. tenuifolius, etc.
Types
d’habitats
Bois clairs, lisières, broussailles humides, ourlets
arbustifs des prairies, l’habitat ifranais concerné
correspondant parfaitement à ces faciès.
Phénologie
Vole selon l’altitude en deux ou trois générations
dans le Sud Ibérique, la première étant très précoce (mars)
dans les basses montagnes de la frange littorale.
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, mésohygrophile, sylvicole, frondicole, mâle patrouilleur.