73-1_POLYCHLOROS

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE

Sous-famille Nymphalinae
Genre
Nymphalis



50 Nymphalis polychloros
La Grande Tortue


Origine et répartition

Elément faunistique holoméditerranéen (sensu de Lattin, 1967), remplacé à l’Est par N. xanthomelas Denis & Schiffermüller, 1775
Depuis l’Afrique du Nord à travers l’Europe (sauf l’extrême Nord), la Turquie, le Centre et le Sud de l’Oural, jusqu’au Kazakhstan et à l’Himalaya. Habite la plupart des îles méditerranéennes. Migrateur occasionnel au Danemark, dans le Sud de la Norvège et de la Finlande.

Type

Papilio polychloros Linnaeus, 1758 ; LT : Europe (Suède, Verity, 1950).

Taxon au Maroc

Nymphalis polychloros erythromelas (Austaut, 1885) ; LT : Algérie.

Distribution au Maroc

Rif, Plateau Central, Moyen et Haut Atlas. Ses limites seraient au Nord-Est les cédraies de la région rifaine de Targhist (mais il devrait pouvoir être recensé dans les Monts de Beni-Snassen et atteindre ainsi la frontière algérienne) et au Sud-Ouest les chênaies vertes du Tizi-n-Test (il est absent de l’Anti-Atlas sud-occidental). En raison de ses exigences, il évite tout le domaine aride. 500-3000 m.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles 10 x 10 km : 39.

Carte-polychloros


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Ulmus campestris (Ulmaceae) (arbre introduit au Maroc où il peuple les berges des oueds et des lacs), nombreuses espèces de Salix (Salicaceae), dont S. pedicellata (forêts humides, ripisylves), Sorbus aria et S. torminalis (cédraie), Crataegus oxyacantha, Pirus gharbiana (spontané dans la cédraie) et peut-être d’autres Rosacées spontanées ou cultivées.
La Grande-Tortue ne puise qu’aléatoirement le nectar des fleurs, avec alors une nette préférence pour les Thyms, quelques Panicauts et certains xérophytes épineux (haute montagne), mais son attirance est manifeste pour les exsudations des arbres, les fruits gâtés, les sols humides et autres dérives parfois surprenantes... comme la sueur humaine (aisselles de ma chemise estivale !) ou l’asphalte frais (la réfection de la route d’Ifrane au Mischliffen en juin 2002 attira des myriades d’imagos fraîchement éclos).

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Forêts denses des montagnes boisées (chênaie verte, chênaie-liège, chênaies blanches, cédraie, sapinière rifaine, thuriféraie, ripisylves) des bioclimats humide et perhumide. Atteint l’étage oroméditerranéen (jusqu’aux alentours de 3000 m dans le Massif du Toubkal) où il est rare et où l’imago s’élève sur les pentes à coussinets épineux et où la plante-hôte est censément un hygrophyte des rives d’asif du genre Salix.
Dans le Nord marocain, cette Nymphale ne se manifeste plus qu’au profit des formations forestières de bonne conservation, au cortège botanique notamment riche et incluant des essences d’accompagnement. Les effectifs les plus denses sont propres aux périmètres peu ou prou protégés (Parc national de Talassemtane, Maison forestière de Tafferte, zones en défends du Tizi-n-Tretten, du Col du Zad, du Djebel Tarharhat, du Tizi-n-Tanout-ou-Fillali, etc.)

Phénologie

Une seule génération dont l’émergence, parfois massive dans la cédraie du Moyen Atlas tabulaire, a lieu en juin, parfois plus tôt. C’est alors que les imagos recherchent l’ombre des frondaisons ou le refuge des Thurifères isolés où ils se perchent parfois nombreux à l’ombre des basses branches. Après une dizaine de jours, ils tendent à se disperser pour estiver, ne réapparaissant que fugacement à l’automne, avant une seconde léthargie hivernale dont ils ne sortiront définitivement, souvent en très mauvais état, qu’aux premiers beaux jours de février-mars. Certaines années, il n’est pas exceptionnel de rencontrer encore quelques vieux sujets âgés d’une douzaine de mois, vraiment très amochés, mêlés aux pionniers de la nouvelle génération. Selon certains observateurs, le papillon serait fidèle à son site de somnolence tant estival qu’hivernal (arbres vétérans, trous de rochers, ruines).

Identité éco-éthologique

Sténoèce, migrateur, mésophile, héliophile (en fin d’hiver) et sciaphile (en période d’éclosion), sylvicole (et alors frondicole) sauf en haute montagne, opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Moyen.

Peu menacé.