RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE
Sous-famille Nymphalinae
Genre Nymphalis
50 Nymphalis
polychloros
La Grande Tortue
Origine et
répartition
Elément faunistique holoméditerranéen (sensu de Lattin,
1967), remplacé à l’Est par N. xanthomelas Denis
& Schiffermüller, 1775
Depuis l’Afrique du Nord à travers l’Europe
(sauf l’extrême Nord), la Turquie, le Centre et le
Sud de l’Oural, jusqu’au Kazakhstan et à
l’Himalaya. Habite la plupart des îles
méditerranéennes. Migrateur occasionnel au Danemark, dans
le Sud de la Norvège et de la Finlande.
Type
Papilio polychloros Linnaeus, 1758 ;
LT : Europe (Suède, Verity, 1950).
Taxon au
Maroc
Nymphalis polychloros
erythromelas (Austaut, 1885) ; LT :
Algérie.
Distribution au
Maroc
Rif, Plateau Central, Moyen et Haut Atlas. Ses limites
seraient au Nord-Est les cédraies de la région rifaine de
Targhist (mais il devrait pouvoir être recensé dans les
Monts de Beni-Snassen et atteindre ainsi la frontière
algérienne) et au Sud-Ouest les chênaies vertes du
Tizi-n-Test (il est absent de l’Anti-Atlas
sud-occidental). En raison de ses exigences, il évite tout
le domaine aride. 500-3000 m.
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles 10 x 10 km : 39.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Ulmus campestris (Ulmaceae) (arbre introduit au Maroc où il
peuple les berges des oueds et des lacs), nombreuses
espèces de Salix (Salicaceae), dont S. pedicellata (forêts
humides, ripisylves), Sorbus aria et S. torminalis
(cédraie), Crataegus oxyacantha, Pirus gharbiana (spontané
dans la cédraie) et peut-être d’autres Rosacées
spontanées ou cultivées.
La Grande-Tortue ne puise qu’aléatoirement le nectar
des fleurs, avec alors une nette préférence pour les Thyms,
quelques Panicauts et certains xérophytes épineux (haute
montagne), mais son attirance est manifeste pour les
exsudations des arbres, les fruits gâtés, les sols humides
et autres dérives parfois surprenantes... comme la sueur
humaine (aisselles de ma chemise estivale !) ou
l’asphalte frais (la réfection de la route
d’Ifrane au Mischliffen en juin 2002 attira des
myriades d’imagos fraîchement éclos).
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
Forêts denses des montagnes boisées (chênaie verte,
chênaie-liège, chênaies blanches, cédraie, sapinière
rifaine, thuriféraie, ripisylves) des bioclimats humide et
perhumide. Atteint l’étage oroméditerranéen
(jusqu’aux alentours de 3000 m dans le Massif du
Toubkal) où il est rare et où l’imago s’élève
sur les pentes à coussinets épineux et où la plante-hôte
est censément un hygrophyte des rives d’asif du genre
Salix.
Dans le Nord marocain, cette Nymphale ne se manifeste plus
qu’au profit des formations forestières de bonne
conservation, au cortège botanique notamment riche et
incluant des essences d’accompagnement. Les effectifs
les plus denses sont propres aux périmètres peu ou prou
protégés (Parc national de Talassemtane, Maison forestière
de Tafferte, zones en défends du Tizi-n-Tretten, du Col du
Zad, du Djebel Tarharhat, du Tizi-n-Tanout-ou-Fillali,
etc.)
Phénologie
Une seule génération dont l’émergence, parfois
massive dans la cédraie du Moyen Atlas tabulaire, a lieu en
juin, parfois plus tôt. C’est alors que les imagos
recherchent l’ombre des frondaisons ou le refuge des
Thurifères isolés où ils se perchent parfois nombreux à
l’ombre des basses branches. Après une dizaine de
jours, ils tendent à se disperser pour estiver, ne
réapparaissant que fugacement à l’automne, avant une
seconde léthargie hivernale dont ils ne sortiront
définitivement, souvent en très mauvais état, qu’aux
premiers beaux jours de février-mars. Certaines années, il
n’est pas exceptionnel de rencontrer encore quelques
vieux sujets âgés d’une douzaine de mois, vraiment
très amochés, mêlés aux pionniers de la nouvelle
génération. Selon certains observateurs, le papillon serait
fidèle à son site de somnolence tant estival
qu’hivernal (arbres vétérans, trous de rochers,
ruines).
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, migrateur, mésophile, héliophile (en fin
d’hiver) et sciaphile (en période d’éclosion),
sylvicole (et alors frondicole) sauf en haute montagne,
opportuniste.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Moyen.
Peu menacé.