RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE
Sous-famille Nymphalinae
Genre Euphydryas
58 Euphydryas aurinia
Le Damier de la Succise
Origine et
répartition
Eurasiatique (Eurosibérien).
Maroc, Algérie, Europe, Asie tempérée jusqu’en Corée.
Type
Papilio aurinia Rottemburg, 1775 ; LT :
Paris.
Taxa au
Maroc
Euphydryas aurinia
beckeri (Lederer, 1853) ; LT : Sud de
l’Espagne (Cadiz).
Le Damier du Chèvrefeuille.
E. aurinia
ellisoni (Rungs, 1950) ; LT : Ifrane
(Maroc).
Distribution au Maroc
Propre à la Péninsule ibérique et à la Cordillère
bético-rifaine, la ssp. beckeri habite le Rif occidental et
central, depuis la Péninsule tingitane, la région de
Chefchaouen jusqu’aux environs de Ketama (Djebels
Bouhachem, Kelti, Tassaot, Tisouka, Pays des Beni-Routen,
Djebels Lakraa, Adebdal, Tisirene, Tidiquin).
Dans le Moyen Atlas central et méridional vole la ssp.
ellisoni (Massif du Kandar, région d’Ifrane,
d’El-Ksiba jusqu’aux illiçaies
d’Ouaouizarht et du Djebel Tazerkount (Afourèr).
1000-1800 m.
Le Damier de la Succise est curieusement absent de certains
secteurs très favorables de l’Anti-Atlas
sud-occidental (intérieur du Djebel Lekst) où la
plante-hôte est présente.
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles 10 x 10 km : 16.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Au Maroc, l’espèce est inféodée aux Caprifoliacées du
genre Lonicera (Chèvrefeuille) dont sept espèces habitent
les montagnes marocaines couvertes. Surtout sur Lonicera
implexa, L. biflora et L. etrusca, mais aussi sur L.
periclymenum (substrat acide) et L. kabylica (sapinières
rifaines). En Espagne et en Europe pour les autres
sous-espèces, la larve est également inféodée à la Succise
(Succisa pratensis) et à des Scabiosa spp., ainsi
qu’à des petites Gentianes, à la Valériane, etc.
L’espèce est polyphage mais chacune de ses
sous-espèces est monophage, chaque complexe racial
possèdant sa propre source trophique. Les Chèvrefeuilles
qui sont peu élus par l’espèce en Europe semblent
être les plantes-hôtes quasi exclusives au Maghreb.
L’imago aime à butiner les Scabieuses, certains
Cistes et quelques Bruyères (Nord-Ouest).
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
Lisières des chênaies sclérophylles et parfois feuillues
(Rif), atteint la sapinière et la cédraie, aussi dans la
tétraclinaie (El-Ksiba) et l’arbouseraie, chemins et
layons forestiers bien ensoleillés, marges des tourbières
(Rif). Le matorral plus ou moins dense, notamment avec
cistaie, est pour E. aurinia beckeri et ellisoni un espace
de vol nettement préféré aux formations herbacées. Les
colonies se développent aussi bien sur calcaires que sur
les sites siliceux (maquis), des étages subhumide et
humide.
Espèce-phare des lépidoptéristes européens
protectionnistes, très adulée par les textes
conservationnistes, Euphydryas aurinia est presque partout
en sursis. Seule la ssp. beckeri tire son épingle du jeu
par le biais de son Chèvrefeuille-nourricier dont la
survie, tant en Espagne qu’au Maroc, ne semble pas
trop hypothétique. Les divers Chèvrefeuilles, arbustes ou
lianes, sont d’une excellente résilience :
certaines espèces sont d’ailleurs utilisées en haies
décoratives dans les conditions peu écologiques des
lotissements du Sud espagnol ! A tel point
qu’ils entrent, avec Arbutus unedo et Quercus
rotundifolia arbustif, dans le cortège résiduel des sites
de parcours forestiers intensifs qui font la honte du
biopatrimoine nord-africain et dont le matorral arboré
illustre la transformation régressive de l’ancienne
forêt. C’est notamment le cas dans le Massif du
Kandar et tout le Moyen Atlas méridional. En ces lieux
meurtris, Euphydryas aurinia, Satyrium esculi et Callophris
avis y sont les derniers papillons vestiges d’une
biodiversité érodée à l’extrême. Un défrichement
parcimonieux, l’aménagement de clairières mosaïquées,
de layons et de coupe-feu sont favorables à la dynamique
populationnelle de cette espèce qui craint finalement
davantage la forêt climacique et fermée qu’une
certaine transformation. Mais ce Damier semble sensible à
d’autres facteurs non identifiés : certains
dèmes autrefois très denses se sont récemment effondrés,
notamment celui topotypique de la ssp. ellisoni à Ifrane où
les représentants sont désormais rarissimes. Ce peut être
le résultat d’un excès d’hygiène forestière
avec arasement des lianes. En attestant le bien fondé
d’un certain éclaircissement favorable au papillon,
ou du peu d’impact des parcours à son égard, il
n’en demeure pas moins que dans l’esprit
pervers d’un aménagement en forêt de parc, la lutte
non raisonnée contre les broussailles reste
incontestablement nuisible.
Phénologie
Univoltin depuis mai (pionniers dès avril) jusqu’à la
fin juin. Le plus souvent très abondant durant les quelques
jours du pic d’apparition.
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, mésophile, héliophile, sylvicole, frondicole,
territorialiste, patrouilleur, opportuniste.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Moyen.
Peu menacé (euphémisme signifiant ici et strictement dans le contexte local « ne craint guère les menaces »).