RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE
Sous-famille Argyniinae
Genre argynnis
(Sous-genre Fabriciana)
62 Argynnis auresiana
Le Moyen Nacré des Atlas
Origine et
répartition
Endémovicariant maghrébin, distinction faite de Fabriciana
niobe (Linnaeus, 1758) (LT : Suède) qu’il
remplace au Maroc et en Algérie.
Type
Argynnis adippe auresiana Fruhstorfer, 1908 ;
LT : Montagnes des Aurès (Algérie)
Taxa au
Maroc
Argynnis auresiana
maroccana (Belter, 1935) ; LT : Azrou,
Moyen Atlas (Maroc).
A. auresiana
hassani Weiss, 1978 ; LT : Targuist,
Ketama, Rif (Maroc).
A. auresiana
astrifera Higgins, 1965 ; LT : Massif du
Toubkal, Haut Atlas (Maroc).
Distribution au
Maroc
La ssp. maroccana est la forme sylvicole du Moyen
Atlas : Djebel Tazzeka, Djebel Bou-Iblane et
Mousa-ou-Salah, Massif du Kandar, Val d’Ifrane,
Djebel Hebri, escarpement d’Azrou, environs
d’Aïn-Leuh, Col du Zad et ses alentours,
Tizi-Taghzeft, Aït-Kermouss, Djebel Hayane, Aït-Oufella,
Djebel Tarharhat. Auparavant signalé de la région
d’El-Ksiba. 1400-2000 m.
La ssp. hassani est confinée dans le Rif
centro-occidental : Djebel Bouhachem, Tassaot,
Tisouka, Lakraa, Tisirene, Bab-Berred, Bab-Bessen, Djebel
Tidiquin et région de Targuist (au Tizi-Tfri). 1300-2000 m.
La ssp. astrifera alticole habite toute la dorsale du Haut
Atlas, à l’est depuis le Djebel Ayachi
(Tizi-n-Talrhemt, Tizi-n-Oufraou, Cirque de Jaffar), le
Tizi-n-Inouzane et les Hauts Plateaux d’Imilchil, le
Tizi-n-Ouguerd-Zegzaoune (Haut Todrà – Haut Dadès),
le versant Nord du M’Goun (Tizi-n-Tamda,
Tizi-n-Tirghist), le Massif du Toubkal (Djebels Goulzizt,
Angour et Oukaïmeden, Tizi-n-Tacheddirt), à l’ouest
jusqu’à l’Adrar-n-Guinouss (près du
Tizi-n-Test), ainsi qu’en quelques hautes localités
intérieures du Djebel Siroua dans l’Anti-Atlas
nord-oriental (notamment au Tizi-n-Melloul où il abonde).
2000-3000 m.
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles 10 x 10 km : 37.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Violacées non déterminées.
Les races sylvicoles du Rif et du Moyen Atlas recherchent
prioritairement les fleurs de Carduacées. En montagne plus
aride, la race alticole butine matin et soir les Thyms,
certaines inflorescences de xérophytes épineux comme
Alyssum spinosum (Brassicacée), des Pulicaires et pas mal
d’autres plantes alpines non déterminées.
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
La ssp. maroccana fréquente les frondaisons, les abords des
chemins et les trouées florifères bien ensoleillées de la
cédraie mixte et de la chênaie caducifoliée à Chêne zène
dont elle ne s’évade guère, sauf dans le Djebel
Bou-Iblane où elle vole jusqu’à la zone des
xérophytes épineux. Les références écoclimatiques en sont
les bioclimats subhumide et humide des étages
supraméditerranéen et du montagnard méditerranéen. Toutes
les stations contemporaines répertoriées plus avant sont
sur le déclin et ne livrent plus que des contingents
chétifs, et ce très sporadiquement, à la faveur des saisons
les plus arrosées. Cette éradication est causée par la
détérioration générale des massifs forestiers. De
nombreuses localités d’anciennes citations ont été
vidées de leur Moyen Nacré (et de l’essentiel de leur
biocénose) et n’ont pas été reprises dans
l’énumération. Dans les années 1992 à 1996, nous
avons vu voler les ultimes spécimens des stations
d’Imouzzèr-Kandar, d’Azrou-Ifrane (Ousmaa,
Ras-el-Ma, etc.), du Tizi-Taghzeft, d’Aït-Kermouss,
du Col du Zad et toute une liste posthume. La colonie du
Val d’Ifrane fut paradoxalement la dernière assez
prolixe en dépit de la reconversion de la Source Vittel et
de ses alentours en parc de ville bétonné, fauché trop
précocement et hyper fréquenté (y compris par les voitures
qui stationnent dans les sous-bois !). Le coup de
grâce lui est actuellement porté.
La ssp. hassani vole aux lisières des grandes forêts
humides du Rif (sapinière, cédraie, chênaies blanches) et
s’évade souvent de la lisière supérieure pour gagner
les hauts flancs rocheux très exposés. Son habitat
s’encarte dans les bioclimats humide et perhumide du
supraméditerranén et du montagnard méditerranéen. Sa
conservation est bonne et elle ne semble menacée
qu’au Djebel Tisouka (paccage caprin surnuméraire).
La ssp. astrifera hante les flancs rocailleux de
l’étage altimontain jusqu’à la « zone des
combats » où se développe la steppe froide à
coussinets épineux, couverture végétale récalcitrante qui
présente l’avantage de pouvoir préserver quelques
plantes fines dont la Violette-hôte de ce Damier. Cette
sous-espèce forte atteste un type démographique très
opportuniste, avec un taux d’accroissement
exceptionnel lorsque les conditions maximales sont
requises. Il en résulte des années de surpopulation
spectaculaire mais d’une brièveté déconcertante, à
croire que les imagos sont la proie facile des prédateurs
ou que les nuits froides de la haute montagne leurs sont
fatales. En raison de cette résilience, cette sous-espèce
peuple encore abondamment les djebels marocains et ne
semble guère souffrir de la pression pastorale, peut-être
aussi parce que l’ouverture d’accès aux
pâturages définie par l’usage coutumier (agdal) se
fait le plus souvent (pas toujours) postérieurement (de
juillet à août) à l’apparition des imagos.
Phénologie
Monogoneutique en mai-juillet, les peuplements rifains
étant les plus tardifs. Seule la ssp. astrifera montre des
pics populationnels.
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, mésophile, montigène, sylvicole et frondicole
(ssp. maroccana et hassani), orophile et rupicole (ssp.
astrifera), patrouilleur, opportuniste (ssp. astrifera).
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Moyen.
En voie d’extinction (ssp. maroccana), Peu menacé (ssp. astrifera et hassani).