87-2_AURESIANA

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE

Sous-famille Argyniinae
Genre
argynnis
(Sous-genre
Fabriciana)

62 Argynnis auresiana
Le Moyen Nacré des Atlas


Origine et répartition

Endémovicariant maghrébin, distinction faite de Fabriciana niobe (Linnaeus, 1758) (LT : Suède) qu’il remplace au Maroc et en Algérie.

Type

Argynnis adippe auresiana Fruhstorfer, 1908 ; LT : Montagnes des Aurès (Algérie)

Taxa au Maroc

Argynnis auresiana maroccana (Belter, 1935) ; LT : Azrou, Moyen Atlas (Maroc).
A. auresiana hassani Weiss, 1978 ; LT : Targuist, Ketama, Rif (Maroc).
A. auresiana astrifera Higgins, 1965 ; LT : Massif du Toubkal, Haut Atlas (Maroc).

Distribution au Maroc

La ssp. maroccana est la forme sylvicole du Moyen Atlas : Djebel Tazzeka, Djebel Bou-Iblane et Mousa-ou-Salah, Massif du Kandar, Val d’Ifrane, Djebel Hebri, escarpement d’Azrou, environs d’Aïn-Leuh, Col du Zad et ses alentours, Tizi-Taghzeft, Aït-Kermouss, Djebel Hayane, Aït-Oufella, Djebel Tarharhat. Auparavant signalé de la région d’El-Ksiba. 1400-2000 m.
La ssp. hassani est confinée dans le Rif centro-occidental : Djebel Bouhachem, Tassaot, Tisouka, Lakraa, Tisirene, Bab-Berred, Bab-Bessen, Djebel Tidiquin et région de Targuist (au Tizi-Tfri). 1300-2000 m.
La ssp. astrifera alticole habite toute la dorsale du Haut Atlas, à l’est depuis le Djebel Ayachi (Tizi-n-Talrhemt, Tizi-n-Oufraou, Cirque de Jaffar), le Tizi-n-Inouzane et les Hauts Plateaux d’Imilchil, le Tizi-n-Ouguerd-Zegzaoune (Haut Todrà – Haut Dadès), le versant Nord du M’Goun (Tizi-n-Tamda, Tizi-n-Tirghist), le Massif du Toubkal (Djebels Goulzizt, Angour et Oukaïmeden, Tizi-n-Tacheddirt), à l’ouest jusqu’à l’Adrar-n-Guinouss (près du Tizi-n-Test), ainsi qu’en quelques hautes localités intérieures du Djebel Siroua dans l’Anti-Atlas nord-oriental (notamment au Tizi-n-Melloul où il abonde). 2000-3000 m.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles 10 x 10 km : 37.

Carte-auresiana


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Violacées non déterminées.
Les races sylvicoles du Rif et du Moyen Atlas recherchent prioritairement les fleurs de Carduacées. En montagne plus aride, la race alticole butine matin et soir les Thyms, certaines inflorescences de xérophytes épineux comme Alyssum spinosum (Brassicacée), des Pulicaires et pas mal d’autres plantes alpines non déterminées.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

La ssp. maroccana fréquente les frondaisons, les abords des chemins et les trouées florifères bien ensoleillées de la cédraie mixte et de la chênaie caducifoliée à Chêne zène dont elle ne s’évade guère, sauf dans le Djebel Bou-Iblane où elle vole jusqu’à la zone des xérophytes épineux. Les références écoclimatiques en sont les bioclimats subhumide et humide des étages supraméditerranéen et du montagnard méditerranéen. Toutes les stations contemporaines répertoriées plus avant sont sur le déclin et ne livrent plus que des contingents chétifs, et ce très sporadiquement, à la faveur des saisons les plus arrosées. Cette éradication est causée par la détérioration générale des massifs forestiers. De nombreuses localités d’anciennes citations ont été vidées de leur Moyen Nacré (et de l’essentiel de leur biocénose) et n’ont pas été reprises dans l’énumération. Dans les années 1992 à 1996, nous avons vu voler les ultimes spécimens des stations d’Imouzzèr-Kandar, d’Azrou-Ifrane (Ousmaa, Ras-el-Ma, etc.), du Tizi-Taghzeft, d’Aït-Kermouss, du Col du Zad et toute une liste posthume. La colonie du Val d’Ifrane fut paradoxalement la dernière assez prolixe en dépit de la reconversion de la Source Vittel et de ses alentours en parc de ville bétonné, fauché trop précocement et hyper fréquenté (y compris par les voitures qui stationnent dans les sous-bois !). Le coup de grâce lui est actuellement porté.
La ssp. hassani vole aux lisières des grandes forêts humides du Rif (sapinière, cédraie, chênaies blanches) et s’évade souvent de la lisière supérieure pour gagner les hauts flancs rocheux très exposés. Son habitat s’encarte dans les bioclimats humide et perhumide du supraméditerranén et du montagnard méditerranéen. Sa conservation est bonne et elle ne semble menacée qu’au Djebel Tisouka (paccage caprin surnuméraire).
La ssp. astrifera hante les flancs rocailleux de l’étage altimontain jusqu’à la « zone des combats » où se développe la steppe froide à coussinets épineux, couverture végétale récalcitrante qui présente l’avantage de pouvoir préserver quelques plantes fines dont la Violette-hôte de ce Damier. Cette sous-espèce forte atteste un type démographique très opportuniste, avec un taux d’accroissement exceptionnel lorsque les conditions maximales sont requises. Il en résulte des années de surpopulation spectaculaire mais d’une brièveté déconcertante, à croire que les imagos sont la proie facile des prédateurs ou que les nuits froides de la haute montagne leurs sont fatales. En raison de cette résilience, cette sous-espèce peuple encore abondamment les djebels marocains et ne semble guère souffrir de la pression pastorale, peut-être aussi parce que l’ouverture d’accès aux pâturages définie par l’usage coutumier (agdal) se fait le plus souvent (pas toujours) postérieurement (de juillet à août) à l’apparition des imagos.

Phénologie

Monogoneutique en mai-juillet, les peuplements rifains étant les plus tardifs. Seule la ssp. astrifera montre des pics populationnels.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, mésophile, montigène, sylvicole et frondicole (ssp. maroccana et hassani), orophile et rupicole (ssp. astrifera), patrouilleur, opportuniste (ssp. astrifera).

Etat de connaissance et statut conservatoire

Moyen.

En voie d’extinction (ssp. maroccana), Peu menacé (ssp. astrifera et hassani).