RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE
Sous-familleTheclinae
Genre Tomares
28 Tomares
mauretanicus
Le Faux-Cuivré du Sainfoin
Origine et
répartition
Endémo-maghrébin.
Maroc, Algérie, Tunisie.
Type
Polyommatus mauretanicus Lucas, 1849 ;
LT : Bougie (Algérie).
Taxa au
Maroc
Tomares mauretanicus
mauretanicus (Lucas, 1849) ; LT :
Bougie (Algérie).
T. mauretanicus
antonius Brévignon, 1984 ; LT : Col
du Zad, Moyen Atlas (Maroc).
T. mauretanicus
amelnorum Tarrier, 1997 : LT : Aït-Baha,
Anti-Atlas (Maroc).
Distribution au
Maroc
Quasiment tout le Maroc non saharien, avec une présence
nettement plus diluée dans le Nord rifain où il n’a
été contacté qu’en quelques stations et toujours
d’un faible effectif (Djebel Ben-Karriche, Djebel
Tassaot, Chefchaouen, Mokrissèt, Djebel Zerhoun),
Moyen-Atlas (très nombreuses localités, surtout dans le
Moyen Atlas tabulaire), Haut Atlas (au fil de toute la
chaîne) et Anti-Atlas où il modifie quelque peu ses
affinités tant écologiques qu’éthologiques. Se
manifeste depuis le niveau de la mer (Aglou-plage, Agadir,
Cap Rhir, Essaouira) jusqu’à 2800 m (pentes du
Toubkal, du Siroua, etc.), mais les populations les plus
dynamiques sont toujours entre 1500 et 2400 m. Non connu du
Nord-Est où il devrait pourtant investir différents
paysages favorables. La ssp. antonius peut être attribuée
aux peuplements du Rif et du Moyen Atlas, tandis que la
ssp. amelnorum est propre au Sud-Ouest non saharien (région
d’Agadir, Souss-Massa, Anti-Atlas sud-occidental).
Les sujets extérieurs à ces secteurs sont à considérer
comme affins à la forme nominative.
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles : 56.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Les Fabacées suivantes ont été signalées par les
observateurs : Hippocrepis multisiliquosa, H. minor,
Hedysarum pallidum, Astragalus epiglottis et A.
pentaqglottis.
L’adulte butine les fleurs de la plupart des plantes
basses confinées dans son modeste biotope.
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
Bien que toujours localisé, c’est un Lycène de grande
élasticité écologique, se manifestant dans une gamme
apparemment très disparate d’habitats, les
peuplements pouvant être pour le moins catégorisés en deux
types écologiques : ceux des terrains calcaires et
ceux des parcelles cristallines. On rencontre souvent le
type silicicole en orée forestière, en marge de certaines
lavandaies et la figure estrême est le dème qui vole au
niveau de la mer, en décembre-janvier, sur les espaces
dunaires reboisés d’Eucalyptus du cordon littoral du
Souss-Massa (d’Agadir à Tiznit). Toutes figures et
lithologies confondues, ses habitats sont les friches, les
ermes, les pelouses xériques et mésophiles, les versants
écorchés, les périmètres des forêts sèches, les zones
préforestières en mosaïque, plus rarement les abords des
cultures vivrières, toujours sur un substrat âpre et
caillouteux, principalement calcaire, mais aussi siliceux.
Dans l’arganeraie de l’Anti-Atlas, la ssp.
amelnorum peut se confiner dans les ravins. Le Faux-Cuivré
du Sainfoin qui est toujours rare dans le Rif et les Atlas
subsahariens, présente des populations excessivement
fournies, avec des acmés sporadiques, sur les causses du
Moyen Atlas central et au plancher supérieur de
l’étage montagnard méditerranéen du Haut Atlas.
C’est une espèce qui se maintient parfaitement dans
les trouées et les layons après l’afforestation de
son site, notamment dans les formations semi-sèches des
pinèdes à Pin d’Alep (Ben-Karriche dans le Rif, Forêt
de Tourtite dans le Moyen Atlas, versant méridional du
Tizi-n-Test dans le Haut Atlas, etc.) Cohabite fort souvent
avec T. ballus dont les dates d’apparitions sont les
mêmes.
C’est le meilleur indicateur des Tomares duettistes,
partout sympatrides et souvent syntopiques, car c’est
apparemment le plus sensible aux atteintes de son habitat.
En moyenne montagne, qui semble représenter son habitat
idéal, volant très tôt sur une végétation rase, il y est
persécuté par le cheptel et, observation significative, il
ne se maintient en forte densité qu’à la faveur des
espaces délaissés et des pourtours des périmètres protégés
(reboisement). Ses localisations de haute montagne sont les
mieux préservées pour n’être guère fréquentées lors
de l’éclosion précoce et de la ponte. Dans les
plaines, il a plus ou moins été exclu par les activités
humaines, à tel point que ce Lycène passe désormais dans
les guides pour une espèce strictement montagnarde. Dans le
Sud-Ouest (ssp. amelnorum), où il est quasiment sylvicole
dans la forêt claire à Argania spinosa, il témoigne –
par sa rareté – de l’érosion paroxystique du
sol surpâturé et de l’anéantissement de toute cette
région écartelée entre l’agrumiculture intempestive
et le surpompage à la clé (baisse dramatique des nappes
phréatiques), l’élevage surnuméraire et le tourisme
massif. Dans cette région, sonder chaque décennie la
densité des populations de Tomares mauretanicus reviendrait
à pouvoir étalonner la dégradation du milieu dont le
corollaire est la désertification. Plus la déforestation
avance, plus l’aquifère baisse, plus le sol est
scalpé et moins il y a de Tomares... et d’avenir. Le
Faux-Cuivé du Sainfoin est à considérer dans les opérations
de gestion conservatoire, de diagnostics et de contrôles
d’impact. Au sein d’un panel de données
cycliquement suivies, son critère présence/absence est une
information sur les modifications intervenues et souvent
peu perceptibles.
Phénologie
Univoltin de janvier à mai en haute montagne. Actif par
temps nuageux si la température est douce. Tout comme
l’espèce précédente, Tomares mauretanicus est
l’un des pionniers du calendrier, des émergences
pouvant avoir lieu dès la fin décembre en certaines
localités bien exposées, même en altitude. C’est
ainsi que l’adulte peut être ensuite pénalisé par une
baisse de la température qui s’illustre par un gel
nocturne. Les redoux sont fréquents dès la fin de
l’hiver mais des descentes du thermomètre peuvent
avoir lieu jusqu’en avril-mai dans les montagnes
marocaines. En dépit de leur chitine riche en graisse et de
leur forte pilosité pour affronter de telles oscillations,
si les rigueurs sont extrêmes, certains sujets n’y
survivent pas. Bien d’autres écloront ensuite... Mais
de nombreuses observations matinales ont montré des
Faux-Cuivrés engourdis et littéralement
« couchés », ailes closes, contre le sol.
Réchauffés, ils sortent progressivement de cette
« catalepsie », reprenant l’usage des
pattes, se redressant, ajustant leurs ailes à l’angle
le plus judicieux du soleil, puis s’envolant.
Identité
éco-éthologique
Sténoèce (en dépit de l’éclectisme de ses types
d’habitats), mésoxérophile, rupicole, sylvicole
d’opportunité, ? myrmécophile ,
territorialiste (le mâle pratique un hilltopping
« miniaturisé » sur quelques modestes rochers
surplombant son non moins modeste domaine), opportuniste.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Faible.
Peu menacé, sauf la ssp. amelnorum : en danger.