RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE
Sous-famille Polyommatinae
Genre Plebeius
42 Plebeius
martini
L’Azuré lavandin
Origine et
répartition
Endémique nord-africain.
Maroc, Algérie.
Type
Lycaena martini Allard, 1867 ; LT :
Lambessa (Algérie).
Le groupe de Plébéjines de P. martini et P. allardii
(espèce suivante), inféodées aux Astragales, relèvent
toutes du même clade que Plebeius pylaon Fischer, avec
affinités phylétiques communes (Bálint & Kertesz,
1990).
Taxa au
Maroc
Plebeius martini
ungemachi (Rothschild, 1926) ; LT :
Arhbalou-Larbi, Moyen Atlas (Maroc).
P. martini
regularis Tennent, 1995 ; LT : Djebel
Lakraa, Rif occidental (Maroc).
P. martini
mgouna Tarrier, 2002 ; LT :
Tizi-n-Tamda, Haut Atlas central (Maroc).
Distribution au
Maroc
La ssp. regularis n’est pour l’instant connue
que de son locus typicus, la zone sommitale du Djebel
Lakraa, dans le Rif occidental, là où la pluviométrie
atteint certains des records d’Afrique berbérique
avec quelques 2000 mm les bonnes années sur ces hauteurs.
Dans ce bioclimat perhumide, le Lycène est tributaire de
quelques pans et pieds isolés d’Astragalus armatus se
développant en orée supérieure de la sapinière à Abies
maroccana. Nous ne l’y avons jamais surpris en
nombre. On peut considérer comme regularis trans ad
ungemachi les individus de la population dynamique et
précoce du Djebel Bou-Iblane, vivant dans le Moyen Atlas
plissé et dans des conditions écologiques assez similaires,
par exemple au Tizi-Oulmou, en lisière de la cédraie de
Tafferte, au Tizi-Bou-Zabel et au Djebel Moussa-ou-Salah.
Le Massif du Bou-Iblane peut être regardé comme un écotone
assez représentatif entre le Moyen Atlas et la cordillère
rifaine, bon nombre de ses représentants lépidoptériques
montrant des caractères plus ou moins intermédiaires.
Répartition verticale : 1900-2400 m.
La ssp. ungemachi, aux peuplements parfois assez abondants,
habite l’essentiel du Moyen Atlas central :
environs d’Imouzzèr-Kandar, Boulemane à la Maison
forestière de Tihrboula, Timhadite, Aguelmame de Sidi-Ali,
Col du Zad (plusieurs dèmes), Tizi-Taghzeft (tout récemment
vaincu par l’overdose pastorale), Aït-Kermouss,
Tizi-Tazouguart ; le Moyen Atlas méridional :
Tizi-n-Ifar, Cherket ; et l’extrêmité du Haut
Atlas oriental (Tizi-n-Talrhemt, Tizi-Oufraou, Cirque de
Jaffar). Un peu plus à l’ouest, dans les populations
du Plateau des Lacs (hautes terres d’Imilchil, haute
vallée des Dadès et Todrà au Tizi-n-Ouguerd-Zegzaoune et au
Tizi-n-Ouano), la plupart des spécimens tiennent déjà
compte, dans leur habitus, de la sous-espèce suivante.
1400-2800 m.
La ssp. mgouna n’est connue que du piémont
septentrional du Massif du M’Goun, ponctuellement du
Tizi-n-Tamda (Djebel Azourki). Il est intéressant de noter
qu’en ses limites géonémiques sud-occidentales
extrêmes, Plebeius martini offre un représentant dont
l’habitus est tout aussi extrême. Répartition
verticale : 2500-2600 m.
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles : 20.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Oligophage, par ordre de préférence sur Astragalus
alopecuroides (A. Benabid det.) A. incanus incurvus, A.
armatus et plus rarement A. nemorosus (Fabaceae).
L’imago est attiré par le nectar de nombreuses
petites Astéracées, fréquente les Thyms, les Lavandes, le
Romarin et bien d’autres fleurs et inflorescences.
Les têtes d’Astragalus alopecuroides sont elles-mêmes
activement butinées (Col du Zad, Tizi-n-Oufraou,
Tizi-n-Talrhemt, etc.)
Il n’est pas indifférent aux matières organiques en
décomposition et puise assidûment les sels minéraux autour
des flaques boueuses, notamment enrichies par les urines
des herbivores.
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
Généralement encarté dans un bioclimat qui va du subhumide
au perhumide, et inscrit dans un écosystème forestier ou
qui l’était (chênaie verte, cédraie, sapinière), la
niche écologique qui abrite tant les Astragales-hôtes que
son Lycène est ouverte, assez sèche et représentée par des
lisières et clairières moyennement écorchées et très
fleuries, des versants pierreux et souvent fortement
pentus, des terres incultes riches en broussailles. En
haute altitude, P. martini atteint la steppe froide à
coussinets épineux (pelouses écorchées), dont Astragalus
armatus, l’une des plantes de son développement
larvaire, entre dans le cortège de la xérophytaie. En
certains biotopes franchement subarides (Tizi-n-Talrhemt,
Aït-Kermouss, Tizi-Tazouguart), mais dérivant
originellement de la forêt, la population se confine dans
les ravins et les grands barrancos protecteurs.
Le papillon est le reflet de ce qu’il y a dessous.
Quand il est lié à Astagalus alopecuroides, P. martini et
sa plante représentent de hauts indices de naturalité,
témoignant de l’existence d’une éloquente
biocénose dont tous les composants appellent à une
volontaire protection, laquelle est pour l’instant
inexistante. Très prisées par le bétail, les têtes fleuries
d’Astragalus alopecuroides et les pontes du Lycène
qu’elles supportent sont irrémédiablement broutées.
Ce sublime Astragale ne subsiste qu’à
l’intérieur des figures de protection, rarement
ceintes par une clôture dissuasive. Et quand c’est le
cas, le cheptel y pénètre aux heures les plus discrètes et
il n’est pas rare de découvrir alors des pans entiers
de plantes totalement décapitées, voire même sectionnées au
sol. Durant ces dernières décennies d’un acharnement
à nul autre pareil au détriment du biopatrimoine marocain,
l’Azuré lavandin s’est vu biffé de très
nombreux habitats. Il est à noter que tout a rapidement
suivi et que ces lieux, anciens milieux de riche
biodiversité, sont désormais victimes d’une cruelle
aridification et ont perdu irréversiblement tout intérêt...
même pour l’activité agropastorale, prioritaire
dit-on. Le jour où il sera trop tard, en désespoir de cause
comme à l’accoutumée, ce papillon et tant
d’autres seront appréhendés comme les plus fiables
outils à l’usage des contrôles d’impacts et des
suivis de biotopes. Dans notre course effrénée vers le
chaos et l’apocalypse de notre environnement, nous
n’en sommes pas là. La bêtise est redoutable, tant
pour les pragmatiques enfants du siècle des lumières et des
adeptes du « big bang », que pour ceux qui prient
l’irrationnel et pourraient alors en respecter la
création sous toutes ses formes.
Phénologie
Ssp. ungemachi : mai-juin, ssp. regularis : juin-juillet,
ssp. mgouna : mai.
Espèce protogynique (émergence synchrone des deux sexes).
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, mésoxérophile, montigène, myrmécophile,
patrouilleur.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Moyen.
Vulnérable (ungemachi), en voie d’extinction (regularis), en danger (mgouna).