RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE
Sous-famille Polyommatinae
Genre Maurus
41 Maurus
vogelii
L’Azuré
marocain ou l’Azuré du Bec-de-grue
Origine et
répartition
Endémique marocain.
Type
Lycaena vogelii Oberthür, 1920 ; LT :
Tizi-Taghzeft (Maroc).
Taxa au
Maroc
Maurus vogelii
vogelii (Oberthür, 1920) ; LT :
Tizi-Taghzeft, Moyen Atlas (Maroc).
M. vogelii
insperatus Tennent, 1996 ; LT : Tizi-n-Test,
Haut Atlas (Maroc).
Distribution au
Maroc
La ssp. vogelii habite, depuis l’étage montagnard
méditerranéen humide jusqu’au plancher de
l’oromédierranéen, dans l’écotone
intra-atlasique formé entre le versant méridional du Moyen
Atlas central (montagnes d’Aït-Kermouss,
Tizi-Taghzeft, Col du Zad) et le versant septentrional de
l’extrémité orientale du Haut Atlas (Djebel
Ali-ou-Rbeddou, Cirque de Jaffar). La localité typique du
Taghzeft fut longtemps (75 ans !) la seule résidence
prétendue de cet endémique marocain. Répartition
verticale : 1900-2300 m.
Quant à la ssp. insperatus, elle n’est pour
l’instant connue que de l’oroméditerranéen du
Haut Atlas occidental (Adrar-n-Guinouss, région du
Tizi-n-Test), mais il ne fait aucun doute qu’elle
doit censément peupler de nombreux reliefs du Haut Atlas
centro-occidental. La prospection consiste en la recherche
de la plante-hôte, de préférence en zones rocheuses
d’une exposition appropriée. Répartition
verticale : 2400-2600 m.
L’espèce est pressentie en certaines zones du Rif
occidental où l’Erodium Bec-de-Grue a été découvert
et où les conditions originales devraient enduire une
entité nouvelle.
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles : 6.
De nouveaux habitats à Erodium cheilanthifolium, peu
accessibles et de très récentes découvertes, permettent
d’envisager une meilleure répartition que celle
initialement donnée. Il n’en reste pas moins que ce
Lycène est gravement menacé par le pâturage inconsidéré.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Erodium cheilanthifolium (Gerianiaceae).
L’imago puise essentiellement son apport nectarifère
dans les fleurs de son Géranium, lesquelles se refermant en
plein soleil le contraignent souvent à un vol très matinal
ou à la visite de pans autrement exposés, comme c’est
souvent le cas dans les biotopes traversés par une arrête
rocheuse. Quand le Bec-de-grue manque de floraison, le
papillon de première génération se rabat sur les fleurs du
Prunellier prostré, de seconde génération sur les ultimes
inflorescences du Marrube blanc, figurant souvent dans ce
modèle de cortège floristique rupicole.
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
Au sein du bioclimat humide altimontain qu’il occupe,
M. vogelii a pour preferendum les niches d’éboulis et
de rocailles fortement xériques, investies par sa
Géraniacée, en marge de la cédraie ou de la xérophytaie. Il
s’agit le plus souvent de hauts versants ou
d’affleurements escarpés et bien exposés aux pluies,
parfois de ressauts dénudés, très rocheux et fortement
rafraîchis par un vent coulis. La niche est de forte
xéricité mais s’encarte toujours dans un écosystème
relativement arrosé de l’isohyète 800 mm.
Par sa fragilité et son implication dans un type
d’écosystème en grave régression, Maurus vogelii est
une espèce majeure pour un suivi méticuleux des hauts
paturâges. De forte résilience et ne suscitant pas
l’appétence du cheptel, le Géranium-hôte apparaît
souvent comme le dernier végétal entre les pierres
d’un sol étrépé. Mais limpact du piétinnement reste
fatal à la plante et menace l’ovogenèse du papillon.
Phénologie
Bivoltin en avril-juin, puis fin août-septembre. Lors
d’années sèches, la seconde génération peut
apparaître dès la fin juillet. La génération estivale
semble plus fournie que celle vernale, encore que les
difficiles conditions atmosphériques printanières ne soient
guère favorables au repérage objectif de l’imago et
ont d’ailleurs contribué à masquer son bivoltinisme
effectif durant trois quarts de siècle, ce Lycène ayant
toujours été donné comme monogoneutique (sauf
assertions alors jugées fantaisistes par la plupart de nos
prédécesseurs) !
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, xérophile, rupicole, orophile, myrmécophile,
territorialiste, patrouilleur.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Moyen.
En voie d’extinction. Outre l’extrême localisation du couple plante-papillon, toutes les colonies de la forme nominative sont inscrites dans une zone où la cédraie est en grave régression, particulièrement sur les adrets et les revers orientaux, soumis à un cumul de paramètres négatifs : bilan hydroédaphique défavorable, surpâturage ahurissant prenant la relève d’une gestion forestière inadéquate, entraînant la perte du substrat végétal puis des qualités physico-chimiques du sol, le tout induisant un processus galopant de désertification. La cédraie infiltrée de genévrier thurifères qui fut longtemps l’écrin de ce précieux endémique a déjà disparu (Aït-Kermouss, Ali-ou-Rbeddou) ou n’est plus qu’une forêt morte ou moribonde (Taghzeft, Zad, Jaffar). Quant à l’habitat du Haut Atlas occidental, au-dessus de la chênaie verte arbustive, il encaisse le piétinement quotidien de hordes de chèvres, ravageant tout sur leur passage, si bien que sur un sol pulvérulent, la population relictuelle et sa plante ne doivent leur survie qu’à un refuge partiel dans quelques hautes masses rocheuses, à l’incidence dynamisante des années de fortes précipitations et au fait que le Géranium nain toxique ne soit pas consommé par le cheptel. Il appert que les jours de ce papillon majuscule sont donc partout comptés.