RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE
Sous-famille Polyommatinae
Genre Pseudophilotes
38 Pseudophilotes bavius
L’Azuré de la Sauge
Origine et
répartition
Ponto-méditerranéen.
Maghreb occidental (Maroc, Algérie), Hongrie, Grèce, Asie
Mineure jusqu’au sud de l’Oural.
Type
Lycaena bavius Eversmann, 1832 ; LT :
Russie.
Taxon au
Maroc
Pseudophilotes bavius
fatma (Oberthür, 1890) ; LT :
Lambessa (Algérie).
L’Azuré maghrébin de la
Sauge.
Distribution au
Maroc
Diffusion très condensée s’encartant dans
l’écorégion des forêts humides du Moyen Atlas central
océanique symbolisée par le Cèdre : Imouzzèr-Kandar,
Ifrane, Tizi-n-Tretten, Aïn-Leuh, Azrou, Ito, Col du Zad,
région d’Itzer, Tizi-Tanout-ou-Fillali. Faible
étagement altitudinal de 1500 à 1900 m.
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles : 11.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Monophage aux dépends de Salvia argentea (Lamiaceae).
L’imago est rarement surpris loin des jeunes Sauges
dont les larges feuilles radicales de base, pileuses et
prostrées au sol dans leurs premiers stades, génèrent une
forte rosée dont les deux sexes se délectent au premier
soleil matinal. Les papillons ne quittent leur Sauge-hôte
qu’en fin de photophase pour se regrouper sur
quelques bromes bien exposés qu’ils investissent en
dortoir. L’adulte butine parfois les Thyms.
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
L’Azuré de la Sauge est un adepte des parcelles
lacunaires, vastes creux en clairière, terrasses de
reboisement en lisière, cuvettes humides du causse
calcaire, partout où les abords sylvatiques de la cédraie
mixte ou de certains reboisements de substitution à
végétation courte génèrent la présence en mosaïque de la
Sauge argentée. Tributaire de l’effet de lisière et
des grandes trouées, il est radicalement absent de la forêt
trop hermétique. Tout comme sa plante, il investit de
préférence les zones de reboisements récents. Les années
favorables, l’effectif peut être exceptionnellement
fourni dans les stations indemnes d’interventions
humaines.
Ce remarquable subendémique est l’un des papillons
insignes du Moyen Atlas. Il s’impose comme un
excellent témoin de l’équilibre des espaces
herbifères préforestiers. Il redoute tout autant les
envahissements graminéens et arborescents que la pression
des parcours, voire même une trop forte fréquentation
anthropique dont le piétinement est néfaste à sa plante.
Apte à une rapide conquête des nouveaux périmètres en
défends, il est un excellent outil local de biosurveillance
pour le contrôle des programmes de régénération du Cèdre,
attestant de la qualité du substrat végétal, voire à moyen
terme d’une fréquence de pâture durable. Une présence
modérée d’herbivores permet un entretien salutaire de
son habitat électif, alors qu’en surnombre elle
menace les papillons en dévorant avec prédilection les
pédoncules floraux, supports trophiques des chenilles. Aux
alentours immédiats d’Ifrane, plusieurs stations très
prodigues en flore et en faunule, repérées entre 1992 et
1995, ont vu la présence de l’Azuré de la Sauge, puis
subséquemment de toute la biodiversité, disparaître suite à
l’irruption inopinée d’activités récréatives
dominicales. La colonie très dense du col du
Tanout-ou-Fillali, qui bénéficiait d’un périmètre de
reboisement en plantules de Cèdre, à été décimée lorsque la
sécheresse récurrente du milieu des années 90
« obligea » le garde local à permettre une
irruption « fortuite » du cheptel, avec
anéantissement tant des jeunes arbres que de P. bavius et
de tout son cortège. Mêmes observations documentées en la
plupart des stations du Plateau d’Ito (où les
clôtures barbelées qui n’étaient déjà pas à toute
épreuve viennent de sauter !), près d’Imouzzèr
(reconversion d’un riche secteur forestier protégé en
zone de parcours intensif, puis en parc à sangliers pour de
lamentables safaris organisés), dans l’immense
prairie mitoyenne à la Maison forestière d’Ousmaa
(escarpement d’Azrou) où le déferlement illégal et
quotidien de plusieurs troupeaux ont anéanti le magnifique
résultat de décennies d’efforts de conservation. Il
est intéressant de noter que ces violations furent
concomitantes avec la promulgation du Parc naturel
d’Ifrane et l’ensevelissement d’un budget
pharaonique dans une version bien fantaisiste du
développement durable.
Si l’on prenait Pseudophilotes bavius comme
indicateur exemplaire des herbages ceignant la cédraie, les
moutons de l’an 2100 (et leurs consommateurs
aléatoires) nous en seraient reconnaissants. Le contrôle
d’impact par l’outil-papillon n’a hélas
que peu de chance de faire des émules dans le camp des
décideurs pour la bonne raison qu’il engendrerait une
politique à long terme, peu porteuse de gratification et de
promotion électoraliste.
Phénologie
Une seule et assez brève génération s’intercalant
entre mai et la mi-juin.
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, mésohygrophile, héliophile, praticole
(sylvicole), montigène, territorialiste, opportuniste.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Bon.
En danger (extrême localisation et saccage des stations).