RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE
Sous-famille Satyrinae
Genre Berberia
76 Berberia
lambessanus
Le Grand Nègre de l’Atlas
Origine et
répartition
Endémique maghrébin.
Maroc, Algérie, Tunisie (à rechercher en Tripolitaine
libyenne).
Type
Satyrus abdelkader var. lambessanus
Staudinger, 1901 ; LT : Lambessa (Algérie).
Taxon au
Maroc
Berberia
lambessanus (Staudinger, 1901) ; LT : Lambessa
(Algérie).
Distribution au
Maroc
Au Maroc, on distingue deux groupes sans différences dans
l’habitus mais dont les conditions écoclimatiques
sont disparates. Au Nord et dans le Rif occidental,
l’espèce se rencontre à basse altitude, depuis 700 à
1600 m, mais surtout aux alentours de 800-1200 m : Djebels
Tasaot, Kelaa et Tisouka, montagnes calcaires des proches
environs de Chefchaouen. Toujours au Nord mais dans Moyen
Atlas central, tabulaire et calcaire, avec un étagement
similaire, les stations connues sont : Djebel Kandar
(très rare), Col de Tamrabta (localité éteinte), Dayets
Ifrah, Hachlaf et Iffer (piste Ifrane à Annoceur), ainsi
que les alentours d’Annoceur (nappes alfatières
disparues et toutes localités détruites depuis 1960),
Timahdite (localité détruite depuis 1950), région du Col du
Zad (très rare), Djebel Tichoukt, près Boulemane (maison
forestière de Tirhboula, route de Skoura, etc.). Au centre
du Maroc, dans le Haut Atlas centro-méridional, que ce soit
sur calcaire ou sur cristallin, on rencontre plusieurs
dèmes aux effectifs plus ou moins étoffés, localisés à un
étage très supérieur, entre 2000 m jusqu’à plus de
3000 m, avec la plus forte fréquence aux alentours de 2700
m, notamment : Lac Tislit, près Imilchil, Haut Todrà,
près Aït-Hani, Tizi-n-Ouguerd-Zegzaoune, Tizi-n-Tamda et
Djebel Azourki (piémont septentrional du Massif du
M’Goun), Tizi-n-Tichka (versant Sud depuis Agouim
jusqu’aux alentours du col où il est peu fréquent),
Adrar Tizerag, Adrar Ouhattar, Djebel Angour (région de
l’Oukaïmeden), Tamatert (Djebel Aksoual), alentours
de Tacheddirt et nombreuses autres montagnes du Massif du
Toubkal, Tizi-n-Test (rare et divagant). Dans
l’Anti-Atlas nord-oriental, nous l’avons
découvert assez erratique dans le Djebel Siroua (aux
alentours du Tizi-n-Melloul où il ne possède aucune
population repérable), mais le relief volcanique du Siroua
appartient biologiquement à l’écocomplexe du Toubkal
dont il n’est qu’une figure de proue vers le
Sud.
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles 10 x 10 km : 23.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Oligophage sur plusieurs Poacées. Ce n’est que suite
à une lamentable erreur de détermination
qu’Ampelodesma mauretanica (= A. tenax) fut donné et
sans cesse repris comme plante prioritaire pour cette
espèce. Cette Graminée vivace argilophyte (substrat
marneux) qui se présente en puissantes touffes (hampes
florales atteignant 2 m) peuple l’essentiel du Maroc
septentrional mais en des écosystèmes non adoptés par le
Grand Nègre de l’Atlas. Dans le Massif du Toubkal et
selon sa localisation, le papillon est par exemple
tributaire de trois herbes : Stipa nitens, un Sparte
de taille moyenne, aux feuilles rigides et terminées par
des pointes acérées, est le support trophique dans le
Djebel Angour, tandis qu’un Bromus (possiblement B.
rigidum) est la plante-hôte dans l’Adrar Tizerag et
Festuca mairei dans l’Adrar Ouhattar. Dans la plupart
des localités du Haut Atlas oriental comme dans toutes
celles du Moyen Atlas, B. lambessanus utilise la même
Poacée que B. abdelkader, soit Stipa tenacissima, plante
foncièrement xérophile des bioclimats arides et qui, dans
le cas des zones subhumides, y pousse alors sur de fortes
pentes très ensoleillées. Dans le Rif, même si Ampelodesma
mauretanica est parfois présent, B. lambessanus voit ses
maigres colonies se superposer à des peuplements relictes
de Stipa tenacissima. Il reste à confirmer ou à infirmer le
recours à des herbes peut-être potentiellement hôtes et
c’est le cas de Stipa parviflora, de Lygeum spartum
et de quelques autres indéterminées.
L’imago apprécie les inflorescences des nombreuses
espèces de Thyms, de plantes tapissantes et rupicoles
variées, ainsi que les fleurs de Carduacées.
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
Acceptant un plus grand étagement altitudinal en raison de
ses deux types écologiques, B. lambessanus, vrai mésophile,
se rencontre depuis le mésoméditerranéen (Rif occidental)
jusqu’à l’horizon inférieur de
l’oroméditerranéen et de la steppe froide atlasique
(Haut Atlas central). Les habitats électifs sont les
collines alfatières assez mixtes et parsemées d’une
végétation buissonneuse et de bouquets de Chênes verts, les
abrupts de moyenne et haute montagne riches en bromes, les
hautes falaises venteuses et porteuses d’une
Graminée-hôte, les pelouses écorchées agrémentées
d’éboulis jusqu’à côtoyer la xérophitaie
épineuse. Ses biotopes ouverts sont le plus souvent
ponctués d’arbres et d’arbustes, et il ne
dédaigne pas pénétrer dans les formations arbustives lâches
et les reboisements (et afforestations) dans les trouées
desquelles s’épanouissent en clairières des
formations herbeuses. S’il peut voler à moins de 1000
m dans le Nord et au-dessus de Chefchaouen, B. lambessanus
est exclusivement orophile et ne se rencontre guère
qu’à partir de 2500 m dans les limites méridionales
de son aire (Haut Atlas et Anti-Atlas nord-occidental).
Mêmes vertus bioindicatives que l’espèce
précédente : la présence du papillon sous-entend un
habitat en équilibre, pouvant profiter d’un pâturage
extensif régulateur, tandis que sa raréfaction ou son
déclin indique l’existence d’une pression
excessive du cheptel. Dans les quelques cas
d’habitats préforestiers, leur fermeture (par exemple
par les Genets) est évidemment néfaste à l’espèce.
Phénologie
Univoltin en émergences échelonnées depuis mai
jusqu’en juillet, avec un optimum lors des premières
semaines d’éclosion. L’essentiel du contingent
femelle n’émerge qu’une quinzaine de jours
après la formation d’un premier bataillon de mâles.
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, mésoxérophile, montigène (Nord) et orophile
(Sud), anémophile, patrouilleur, opportuniste.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Moyen
Vulnérable