RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE
Sous-famille Satyrinae
Genre Berberia
76bis Berberia abdelkader
Le Grand Nègre berbère
Origine et
répartition
Endémique maghrébin
Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye occidentale).
Type
Satyrus Abd-el-Kader Pierret, 1837 ;
LT : Province d’Oran (Algérie).
Taxa au
Maroc
Berberia abdelkader
abdelkader (Pierret, 1837) ; LT :
Province d’Oran (Algérie).
B.
abdelkader
taghzefti (Wyatt, 1952) ; LT : Tizi-Taghzeft
(Maroc).
Distribution au
Maroc
B. abdelkader s. str. occupe l’Atlas
Tellien (Nord-Est de l’Oriental marocain) :
région du Col de Jerada et du Djebel Bou-Keltoum, les
collines alfatières au sud d’El-Aïoun, l’Ouest
des Monts de Beni-Snassen, de nombreuses stations à
l’est des Monts de Debdou et l’est du Djebel
Ahmar (au sud-ouest de Taza), ainsi qu’une aire
disjointe dans le Haut Atlas centro-oriental : hauts
Plateaux d’Imilchil et le Tizi-n-Tamda (Djebel
Azourki en piémont septentrional du M’Goun), où les
sujets purs sont rarissimes dans une population
hétérozygote nettement apparentée à l’espèce jumelle
B. lambessanus Staudinger.
La race taghzefti couvre l’écotone entre le revers
méridional du Moyen Atlas central et le Haut Atlas
oriental, depuis le nord de la région de Missour
jusqu’à la Haute Moulouya et le Haut Ziz. Les
stations du Moyen Atlas sont : Oulad-Ali, environs Est
d’Almis-des-Marmoucha, Tizi-Tazouguart, Enjil,
Aït-Kermouss, Taourech, Tizi-Taghzeft, Tamayoust, Faija,
Plateau de l’Arid ; celles du Haut Atlas
oriental sont : Tizi-n-Oufraou et Aït-Oumghar en
ressaut septentrional du Djebel Ayachi, Tizi-n-Talrhemt,
Ouest de Nzala, puis du Tizi-n-Ali jusqu’à Tirhibout
(pentes du Djebel Aderdouz).
Cartographie nationale
(2003)
Nombre de mailles 10 x 10 km : 32.
Plantes-hôtes et
sources nectarifères
Espèce monophage, la larve étant tributaire de Stipa
tenacissima (Alfa)(Poaceae). Cette belle Graminée vivace,
jonciforme en période de sécheresse et pouvant atteindre
120 cm, couvre plus de deux millions d’hectares du
Maroc aride, semi-aride et plus occasionnellement
subhumide, sur des sols caillouteux bien drainés, à texture
grossière. Cet écosystème supporte un pastoralisme
prééminent. Les très rares localisations décelables de
Berberia (tant abdelkader que lambessanus) interviennent au
bénéfice de plusieurs paramètres : déclivités,
avancées de la plante-hôte dans ses retranchements les
moins arides (donc semi-aride et notamment subhumide où la
Graminée se fait rare), fréquentation pastorale faible ou
nulle, ainsi que temporairement l’occurrence
d’une pluviométrie favorable (condition sine qua non
pour un effectif dense).
Peu butineurs, les deux sexes s’attardent parfois sur
les inflorescences et les fleurs des Thyms (Oulad-Ali,
Aït-Kermouss), de certaines Carduacées (Tizi-n-Oufraou,
Tizi-n-Talrhemt), des Scabieuses (Haut Ziz), de la Scille
maritime (Urginée) (Jerada, El-Aïoun), de la Colchique
d’automne (Faija) et du Câprier (Tizi-Tazouguart), de
la Luzerne (Haut Ziz), etc.
Types
d’habitats, conservation et attributions
bioindicatives
Secteurs très aérés, pentus ou abrupts de la steppe
alfatière, revers bien exposés au soleil levant, supposant
une certaine luxuriance de Stipa tenacissima induite par un
apport hydrique suffisant (d’où l’instabilité
relative des implantations susceptibles d’abandonner
les pans défavorisés). Les habitats, localement secs et
chauds, sont définis par les bioclimats semi-aride et
subhumide des étages de végétation du supraméditerranéen et
du montagnard méditerranéen. Certains peuplements, tel
celui qui saupoudre les secteurs à Alfa du Djebel Ayachi,
épousent les deux versants Nord-Sud du massif. On y observe
par exemple une considérable colonie se développant sur
tous les reliefs subsahariens, plus ou moins depuis le
Tizi-n-Talrhemt jusqu’à la haute Vallée du Ziz
(Tizi-n-Ali, contreforts méridionaux du Djebel Aderdouz),
adoptant tous les aspects montagneux et collinéens de cet
écosystème steppique, tandis qu’une mosaïque de
petits dèmes bénéficient des pans d’Alfa du versant
Nord, depuis le bas versant du Djebel Ayachi, çà et là à
travers les stations géomorphologiquement favorables du
Plateau de l’Arid, jusqu’à rejoindre les
populations du revers méridional du Moyen Atlas central où
la colonisation réinvesti une exposition Sud/Sud-Est.
Cette belle Satyrine est une fiable indicatrice de la bonne
régénération de l’Alfa et donc d’une
fréquentation non excessive du pastoralisme
qu’implique au Maghreb toute nappe alfatière. La
femelle n’acceptant pour sa ponte que les jeunes
pousses, la dégradation des sites à Alfa par dessèchement
ou trop forte pression pastorale élimine le papillon. B.
abdelkader ne fréquentant guère les habitats uniformément
tabulaires, cette indication vaut surtout pour les stations
plus ou moins escarpées des petits djebels et du piémont du
Haut Atlas oriental, où le déchaussement des touffes
fixatrices du sol induit une rapide érosion par tassement,
solifluxion, exposition climatique et lessivage. Le
papillon entre donc en compétition directe avec
l’élevage ovin puisque les feuilles adultes
dédaignées par les chenilles le sont généralement aussi par
le bétail.
Phénologie
Monovoltin au cours d’une génération prolongée du
début de juillet jusqu’en octobre, avec des éclosions
pionnières très occasionnelles dès la fin mai et un pic
généralement induit par une période d’orages
orographiques, laquelle phase d’abondance semble se
manifester assez fixement dans chaque région et ainsi selon
nos observations répétées : juillet dans le haut Ziz
et la région d’Imilchil, juillet-aôut aux alentours
de Midelt, juillet ou septembre sur le versant méridional
du Moyen Atlas, août au nord de Missour, septembre dans les
Monts de l’Oriental. Protandrie prononcée, exception
faite de quelques femelles occasionnellement précoces.
Identité
éco-éthologique
Sténoèce, xérothermophile, montigène, steppicole,
anémophile, patrouilleur, opportuniste.
Etat de
connaissance et statut conservatoire
Moyen.
Vulnérable.