103-5_ABDELKADER

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE

Sous-famille Satyrinae
Genre Berberia

76bis Berberia abdelkader
Le Grand Nègre berbère


Origine et répartition

Endémique maghrébin
Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye occidentale).

Type

Satyrus Abd-el-Kader Pierret, 1837 ; LT : Province d’Oran (Algérie).

Taxa au Maroc

Berberia abdelkader abdelkader (Pierret, 1837) ; LT : Province d’Oran (Algérie).
B. abdelkader taghzefti (Wyatt, 1952) ; LT : Tizi-Taghzeft (Maroc).

Distribution au Maroc

B. abdelkader s. str. occupe l’Atlas Tellien (Nord-Est de l’Oriental marocain) : région du Col de Jerada et du Djebel Bou-Keltoum, les collines alfatières au sud d’El-Aïoun, l’Ouest des Monts de Beni-Snassen, de nombreuses stations à l’est des Monts de Debdou et l’est du Djebel Ahmar (au sud-ouest de Taza), ainsi qu’une aire disjointe dans le Haut Atlas centro-oriental  : hauts Plateaux d’Imilchil et le Tizi-n-Tamda (Djebel Azourki en piémont septentrional du M’Goun), où les sujets purs sont rarissimes dans une population hétérozygote nettement apparentée à l’espèce jumelle B. lambessanus Staudinger.
La race taghzefti couvre l’écotone entre le revers méridional du Moyen Atlas central et le Haut Atlas oriental, depuis le nord de la région de Missour jusqu’à la Haute Moulouya et le Haut Ziz. Les stations du Moyen Atlas sont : Oulad-Ali, environs Est d’Almis-des-Marmoucha, Tizi-Tazouguart, Enjil, Aït-Kermouss, Taourech, Tizi-Taghzeft, Tamayoust, Faija, Plateau de l’Arid ; celles du Haut Atlas oriental sont : Tizi-n-Oufraou et Aït-Oumghar en ressaut septentrional du Djebel Ayachi, Tizi-n-Talrhemt, Ouest de Nzala, puis du Tizi-n-Ali jusqu’à Tirhibout (pentes du Djebel Aderdouz).

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles 10 x 10 km : 32.

Carte-abdelkader


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Espèce monophage, la larve étant tributaire de Stipa tenacissima (Alfa)(Poaceae). Cette belle Graminée vivace, jonciforme en période de sécheresse et pouvant atteindre 120 cm, couvre plus de deux millions d’hectares du Maroc aride, semi-aride et plus occasionnellement subhumide, sur des sols caillouteux bien drainés, à texture grossière. Cet écosystème supporte un pastoralisme prééminent. Les très rares localisations décelables de Berberia (tant abdelkader que lambessanus) interviennent au bénéfice de plusieurs paramètres : déclivités, avancées de la plante-hôte dans ses retranchements les moins arides (donc semi-aride et notamment subhumide où la Graminée se fait rare), fréquentation pastorale faible ou nulle, ainsi que temporairement l’occurrence d’une pluviométrie favorable (condition sine qua non pour un effectif dense).
Peu butineurs, les deux sexes s’attardent parfois sur les inflorescences et les fleurs des Thyms (Oulad-Ali, Aït-Kermouss), de certaines Carduacées (Tizi-n-Oufraou, Tizi-n-Talrhemt), des Scabieuses (Haut Ziz), de la Scille maritime (Urginée) (Jerada, El-Aïoun), de la Colchique d’automne (Faija) et du Câprier (Tizi-Tazouguart), de la Luzerne (Haut Ziz), etc.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Secteurs très aérés, pentus ou abrupts de la steppe alfatière, revers bien exposés au soleil levant, supposant une certaine luxuriance de Stipa tenacissima induite par un apport hydrique suffisant (d’où l’instabilité relative des implantations susceptibles d’abandonner les pans défavorisés). Les habitats, localement secs et chauds, sont définis par les bioclimats semi-aride et subhumide des étages de végétation du supraméditerranéen et du montagnard méditerranéen. Certains peuplements, tel celui qui saupoudre les secteurs à Alfa du Djebel Ayachi, épousent les deux versants Nord-Sud du massif. On y observe par exemple une considérable colonie se développant sur tous les reliefs subsahariens, plus ou moins depuis le Tizi-n-Talrhemt jusqu’à la haute Vallée du Ziz (Tizi-n-Ali, contreforts méridionaux du Djebel Aderdouz), adoptant tous les aspects montagneux et collinéens de cet écosystème steppique, tandis qu’une mosaïque de petits dèmes bénéficient des pans d’Alfa du versant Nord, depuis le bas versant du Djebel Ayachi, çà et là à travers les stations géomorphologiquement favorables du Plateau de l’Arid, jusqu’à rejoindre les populations du revers méridional du Moyen Atlas central où la colonisation réinvesti une exposition Sud/Sud-Est.
Cette belle Satyrine est une fiable indicatrice de la bonne régénération de l’Alfa et donc d’une fréquentation non excessive du pastoralisme qu’implique au Maghreb toute nappe alfatière. La femelle n’acceptant pour sa ponte que les jeunes pousses, la dégradation des sites à Alfa par dessèchement ou trop forte pression pastorale élimine le papillon. B. abdelkader ne fréquentant guère les habitats uniformément tabulaires, cette indication vaut surtout pour les stations plus ou moins escarpées des petits djebels et du piémont du Haut Atlas oriental, où le déchaussement des touffes fixatrices du sol induit une rapide érosion par tassement, solifluxion, exposition climatique et lessivage. Le papillon entre donc en compétition directe avec l’élevage ovin puisque les feuilles adultes dédaignées par les chenilles le sont généralement aussi par le bétail.

Phénologie

Monovoltin au cours d’une génération prolongée du début de juillet jusqu’en octobre, avec des éclosions pionnières très occasionnelles dès la fin mai et un pic généralement induit par une période d’orages orographiques, laquelle phase d’abondance semble se manifester assez fixement dans chaque région et ainsi selon nos observations répétées : juillet dans le haut Ziz et la région d’Imilchil, juillet-aôut aux alentours de Midelt, juillet ou septembre sur le versant méridional du Moyen Atlas, août au nord de Missour, septembre dans les Monts de l’Oriental. Protandrie prononcée, exception faite de quelques femelles occasionnellement précoces.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, xérothermophile, montigène, steppicole, anémophile, patrouilleur, opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Moyen.

Vulnérable.